Chott El Rahim, ligne droite sur 40 km, aucun dénivelé, aucun virage, mais attention aux dromadaires ! Troupeau sauvage de dromadaires ?
Et bien ! de l’amusement à la réalité..
Rencontre avec quelques dizaines de dromadaires dans le Chott El Rahim On y va ..
Nous avons donc quitté Tunis après une bonne semaine, strict minimum pour pénétrer le quotidien des tunisiens, de visiter leur ville et la médina, de s’imprégner des parfums, déguster leurs pâtisseries et discuter autour d'un verre de thé menthe sucré tout en regardant les passants. Quitter Tunis à vélo direction Grand Sud ne s’est pas fait sans appréhension, soyons honnêtes. Nous sommes encore dans la banlieue, que les signalisations passent du français à l’arabe. Aller à gauche ? à droite ? nous cherchons déjà notre route. Nous engueulons des enfants qui nous jettent des cailloux, sans méchanceté, juste pour se faire remarquer. Finalement, après quelques km sur l’autoroute (eh oui, ça passe très bien à vélo), nous trouvons la route principale direction El Fahs. Vent contraire, Christine a de très fortes douleurs musculaires/tendons au-dessus des genoux. A la tombée de la nuit, nous arrivons sur le site romain de Thuburbo Majus. Très beau, les vestiges sont bien plus nombreux qu’à Carthage et le cadre environnant vallonné est absolument superbe. Il fait froid, le vent souffle, nous sommes gelés. Une bougie nous éclaire et nous réchauffe.
Thuburbo Majus, colonnes corinthiennes du capitole A Thuburbo Majus Thuburbo Majus Dormir sur un site romain !
Plus d’hôtel à El Fahs, que faire ! magie tunisienne, le gardien Naceur nous propose de dormir vers lui dans le patio de la maisonnette d’entrée du site. La garde républicaine vient contrôler nos passeports... se protéger ou nous protéger ? Incroyable luxe de bivouaquer sur ce lieu magique et dormir tête posée sur les pieds d’une statue féminine de l’époque romaine. Le lendemain, belle route à travers les hauts-plateaux direction Kairouan. Bergers avec leurs moutons, femmes en vêtements colorés traditionnels allant chercher de l’eau ou quelques morceaux de bois avec leur mulet. Beaucoup de signes d’amitié : bonjour, hello, signes de main, klaxon, dans les voitures l’index dirigé vers le haut. Les lèvres craques, il fait froid avec le vent contraire, du sable est collé sous nos yeux rouges.
La médina de Kairouan est plus tunisienne que touristique. On s’y perd, on la traverse. Beaucoup de petits métiers manuels, cordonniers, couturiers, bouchers, boulangers et tisserands.
Petit vendeur malin des souks de Kairouan Scène de rue à Kairouan Scène de rue à Kairouan avec touriste La grande mosquée de Kairouan
La grande mosquée. Le plus ancien édifice religieux du monde musulman occidental. Reconstruite au VIIIème siècle et constituée de colonnes antiques récupérées pour l’essentiel sur le magnifique site romain de Sbeïtla. Colonnes de marbre, de porphyre ou de granit.
Salle de prière de la grande mosquée de Kairouan Mais les erreurs sont si vite faites .. Un fait divers
Christine reçoit un projectile sur le nez, à un doigt de l’oeil, d’une fenêtre, un enfant mal élevé. Heureusement sans gravité. On gueule et ameute un peu, histoire de faire intervenir le père auprès de son fiston.
Kairouan à Sbeïtla, 120 km, dur de dur, toujours vent contraire. Beau paysage de steppe semi-désertique.
Sur la route de Kairouan à Sbeïtla et encore sur la route de Kairouan à Sbeïtla Ruines de Sbeitla
Ruines romaines dès notre arrivée à Sbeitla, afin de repartir de bonne heure le lendemain.
Ruines de Sbeïtla - forum De Sbeitla à Selja
On est bien dans cette ville, les gens y sont aimables et détendus. On goûte la soupe qui réchauffe, el bleb, morceaux de pain avec harissa, quelques pois chiche, thon en boîte et bouillon, le tout écrasé et mélangé. Rencontre avec un vieux professeur d’art et peintre de Vancouver; nous sommes invités à Vancouver.
Toujours direction Sud-Ouest par Gafsa jusqu’à Metlaoui. Le vent s’obstine. C’est sûr, nous l’aurons sans relâche, faisons avec !
Visite des gorges de Selja avec un petit train de 1940 appelé le Lézard rouge.
Train Lézard rouge à Metlaoui Gorges de Selja Mais pourquoi Christine roule donc si vite ?
Nous changeons de direction pour aller sur l’Ouest vers Tamerza et la frontière algérienne. C’est la direction opposée à notre projet, mais cette région est à voir et nous sommes toujours décidés à visiter les pays et non pas les traverser au plus rapide. Beaux paysages de plateaux semi-désertiques bordés de chaînes montagneuses. Zone militaire très surveillées. Deux individus sortis de la steppe avec un vélo de course sur l’épaule, se mettent à nous suivre. Un jeu s’installe. Nous accélérons gentiment, on les distance, ils se rapprochent. La course démarre malgré nos vélos de 50 kg, l’inquiétude aidant. La course dure un peu.. trop dur.. ils abandonnent ! Nous avons bien pédalé. Nous regarderons deux films coup sur coup dans nos huttes en feuilles de palmier, tout proche de la cascade de Tamerza..
Tamerza vieux village Marionnette sur les lieux touristiques et on vous l'assure, nous n'en avons jamais rencontré d'autres dans les rues, ni au plus profond des petits villages ni en centre ville. Trop fort, il réussit même à déguiser des touristes. Quelle côte !
Nous quittons Tamerza avec une côte d’enfer. Un tunisien nous dit : même en mobylette, c’est trop dur. On réussit, on est applaudi. Visite de Chebika, petit village abandonné dans une oasis.
Oasis de Chebika Oasis de Chebika au fond de la gorge Traversée du 1er Chott (lac salé)
Nous continuons pour atteindre Tozeur. Nous nous réjouissons de traverser notre premier Chott (lac salé). Ce sera le Chott El Rahim. Asphalte de petits cailloux, difficile de rouler à bonne allure, mais paysage si beau.
Chott El Rahim et dromadaires Chott El Rahim face au soleil de 16h. Mais quel culot !
Et enfin bien mérité, le repos au camping de Tozeur.
Chouaia, chouaia (doucement, doucement) Camping à Tozeur Tozeur a la couleur du désert
Tozeur est bien connu pour ses constructions de briques couleur sable. Toute construction doit avoir au minimum un tiers de sa façade en brique pour l’harmonie architecturale de la ville et pour le bonheur des travailleurs briquetiers.
Séchage des briques de Tozeur Briques cuites et remplissage du four à Tozeur Chouaia, chouaia
Et chouaia chouaia (signifie « doucement, doucement » en arabe)
Bavardage de rue à Tozeur Conciliabule des ancêtres à Tozeur Et si les femmes au souk de Tozeur s'y mettent aussi ! Chott El Jerid
Toujours direction Sud, nous attaquons notre deuxième Chott, bien plus vaste que le précédent : le Chott El Jerid. Magnifique.
Chott El Jerid Chott El Jerid, à l'endroit ou à l'envers ? Chott El Jerid surface de sel Chott El Jerid gargotte du bord de route Jolie ville de Douz
Arrivée à Douz. Superbe marché, belle place avec arcades, beaucoup d’hommes en burnous, le Sahara et son ambiance toute nomade est proche. Les gens nous semblent plus vrais qu’ailleurs dans le pays. Douz, c’est aussi le rendez-vous des motards désireux de s’essayer aux dunes de sables. Certains sont vraiment sportifs, d’autres deviennent rois du désert.
Marché aux animaux à Douz Marché aux animaux à Douz Portrait sur le marché de Douz Le bel accueil de Tamezret nous arrête
Direction Matmata où nous n’arriverons pas. Toute une journée à pédaler sans voir un village, c’est la première fois. La nuit tombe en arrivant à Tamezret. Pas d’hôtel. Nous interpellons trois ancêtres. L’un d’eux nous invite chez lui, c’est Ramadan. Et l’hospitalité déborde tant, que nous sommes durant 24 heures pris en charge par les habitants qui souhaitent nous garder au village. Le chef de secteur, Moktar, nous invite chez lui à manger un couscous. Le musée berbère fermé nous ouvre ses portes. Musée passionnant, que nous recommandons. Le fondateur et guide, d’origine berbère, consacre son temps à la recherche et à la sauvegarde de la culture berbère. Saviez-vous par exemple, que les broderies sont faites par les hommes ?
Couscous chez Moktar le chef de secteur de Tamezret Très chouette musée berbère à Tamezret Les maisons troglodytes de Matmata
Et nous quittons Tamezret avec des cadeaux pour arriver à Matmata, célèbre région pour ses maisons troglodytes.
Maison troglodyte de Matmata Ne croisons nous pas notre 1er cyclotouriste après 3'300 km ?
Surprise ! Ne voit-on pas un premier cyclotouriste depuis notre départ ? Il connaissait notre existence puisqu’on le précédait de deux jours et le téléphone arabe est bien connu. Nous discutons tard dans la nuit avec Narcisse à échanger nos impressions et passerons deux soirées ensemble. Un professionnel du vélo qui nous donnera quelques précieux conseils techniques avant d'attaquer l'immense Libye.
Maison troglodyte de Matmata avec Narcisse Filons sur la Libye
Il est temps de filer sur la Libye. Nous traversons encore de beaux paysages.
Entre Matmata et Medenine Entre Matmata et Medenine Entre Matmata et Medenine Le temps ne compte plus
Nous rejoignons la mer à Zarzis. La mer donne cette magique impression d’être en vacances, au repos. Nous ne réalisons pas encore que le temps ne compte plus. Nous ne réalisons pas non plus que Noël soit si proche, puisque nous roulons encore en shorts et manches courtes. Nous sommes transportés par notre histoire et nous laissons faire.
Port de pêche de Zarzis Petite conclusion
Nous longeons la côte durant une journée pour atteindre la douane et repensons aux récits contradictoires sur la Libye, en espérant que tout se passera bien dans ce vaste pays. Si nous devions résumer nos impressions tunisiennes, ce serait très difficile tant les mentalités et comportements différaient d’une région à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un village à l’autre, ainsi que d’une génération à l’autre. Nous pouvions aussi bien être refoulés à coups de cailloux, qu’applaudis, encouragés et admirés. Les vélos préparés par Gilles Bertoud ont été parfaits : aucune panne, aucune faiblesse, même pas une crevaison après 3'386 km ! Inch Allah.