C'est la tombée de la nuit, bonjour l'Egypte. La douane nous a retardé et nous n'aimons pas rouler la nuit. Nous changeons un peu d'argent au noir. Difficile de se frayer un chemin au milieu de dizaines d'enfants en habit traditionnel. Il nous reste 12 km pour atteindre la ville de Sallum. Et puis la surprise : nous arrivons en bordure de plateau, la mer apparaît en contrebas, éclairée par la pleine lune, la baie se dessine grâce à une suite de réverbères, la petite ville est là ! toute paisible. C'est superbe. Nous semblons être les seuls touristes dans cette Egypte profonde. Les enfants sur leur charrette guident leur âne avec dextérité et nous font de jolies démos de maîtrise de conduite pour nous accompagner au seul hôtel de la ville.

Ne soyez pas déçus ! nous n'avons pas descendu le Nil. Nous n'allons donc vous montrer ni temples, ni sites historiques normalement incontournables. Nous avons longé la côte méditerranéenne sur 420 km puis descendu le long du delta pour arriver au Caire. Nous étions impatients de rencontrer Renaud, un ami mais aussi notre Webmaster. Il est venu avec son vélo afin de faire un petit bout de route avec nous. Il restera trois semaines pendant lesquelles nous avons rejoint Amman en Jordanie, où il avait son avion de retour. Le phénomène Renaud vaut la peine d'avoir un petit texte pour lui seul, vous le découvrirez sous peu. Ci-dessous, un exemplaire de ses beaux yeux…

C'est toujours difficile de s'adapter en arrivant dans un nouveau pays. Comme de rencontrer un nouvel ami, il faut du temps. Deux anecdotes pour mieux comprendre :
- Fatigue, nuit, désert, alors on profite d'un poste de contrôle de police pour bivouaquer en sécurité (comme nous le faisions parfois en Libye). Les deux policiers s'agitent, parlent, téléphonent, refusent, acceptent, etc., puis arrivent très vite d'on ne sait où, quatre autres policiers. Le chef nous impose un garde du corps désigné d'office dans sa troupe. On peste, on ne comprend pas, on refuse, mais on n'a pas le choix. Notre gardien arrive armé d'un fusil et demande à dormir dans l'abside de notre tente. Mais pourquoi pas dis-je, tu peux aussi dormir avec ma femme ! son insistance et ma colère montant, il a dormi dehors sans équipement, directement sur l'herbe, le long de la tente.
- Autre anecdote policière car nous n'avions pas bien compris la première... Dans la petite ville de Sadat City, un seul hôtel, il est fermé. Le site ne permet guère de dormir n'importe où, et nous ne connaissons pas encore suffisamment les égyptiens. Affamés, nous allons d'abord au restau. En effet, nous avons roulé 8h.14 mn et totalisé, totalisé... cramponnez-vous bien ! 201 km. Un record. C'était magique avec le vent dans le dos, comme à moto, avec nos 40 kg de bagages. Le restau est très sympa et le patron nous invite chez lui à passer la nuit. Ils sont cinq dans un appartement, on ne veut pas les déranger, on refuse gentiment. On va s'informer au poste de police, et là ! commence une réelle histoire. Nous devenons suspects avec 45 mn d'interrogatoire ! ils ressassent sans cesse les mêmes questions : "d'où venez-vous ? où allez-vous ?" etc. Après 1h.30 mn, l'officier écrit enfin une lettre en arabe. On sent une issue. Cette lettre est finalement destinée à l'officier de l'étage supérieur. Il nous reçoit comme des bêtes, sans politesse ni sympathie et continue l'interrogatoire... il veut nous emmener en fourgon dans un hôtel trop cher pour nous, situé à plusieur km de là. Excusez-moi mais après 2h.15 mn je craque et me fâche comme il faut au milieu du bureau. Je l'enfume correctement et nous quittons en vrac le poste de police. Des policiers plus jeunes nous suivent en criant : "peut-on vous aider, peut-on vous aider ?..." allez foutre avec votre aide. Nous retournons au restau et acceptons l'invitation chaleureuse de Saïd. Il rit, car il connaissait déjà l'issue. On a passé une super soirée, mais Saïd savait aussi que dès notre départ, la police viendrait le questionner sur nous, notre attitude, trajet... etc.

Nous évitons le Caire par l'ouest pour arriver directement aux pyramides de Gizeh au sud. Notre gag du jour est d'avoir dépanné une voiture en panne d'essence. Trois hommes penauds, bidon vide à la main, attendent une bonne âme qui les aide. On s'arrête doucement, ils croient à une farce. On reste sérieux en leur tendant notre 1/2 bouteille d'essence que l'on utilise pour cuisiner. Méfiants, ils en sentent tour à tour l'odeur, c'est bien de l'essence. Ils sautent de joie, c'est suffisant pour aller à la station suivante. Leur klaxon de remerciement nous sonne encore dans les oreilles...
On arrive de nuit. Tous les hôtels sont complets. On loue un appartement 4 pièces pour 10 € par jour et, le lendemain, on visite les pyramides.

Direction sud pour visiter la plus vieille pyramide, celle de Saqqara, en bordure du delta fertile du Nil.

L'idée étant de rejoindre le tunnel qui traverse le canal de Suez, nous avons cherché durant 2h. une piste qui va droit sur l'est, 100 km dans les cailloux et la poussière entre Helwan et Ain Sukhna. Deux jours de vélo, un seul bidon d'eau sur le parcours et une mosquée à mi-chemin (Cheik Salama). Ci-dessous, le seul bâtiment que nous ayons vu ! nous ne savons toujours pas si c'est ce que nous cherchions...

Et pour tous ceux d'entre vous qui attendent cette photo-là depuis longtemps ! :

Nous voilà dans le Sinai. Très beau coucher de soleil, et très beaux paysages. On fait des crêpes en plein désert, soirée sympa. Puis on montera au sommet du Mont Sinai, surprise, nous sommes seuls à bivouaquer ! quelques moments magiques dans la montagne, comme un vol de grues, thé chez les bédouins ou le réveil à 5 h. pour admirer le lever du soleil sur les crêtes des chaînes montagneuses de granit rose.

Un bivouac superbe dans les roches orangées érodées.

Nous aurons fait 913 km en Egypte avant de prendre le bateau à Nuweiba pour la Jordanie.