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Messieurs, cachez vos cartes de crédit !
Messieurs, cachez vos cartes de crédit !

Enfin des news...
Hé oui, nous avons quitté la Syrie depuis le 11 juin, soit plus de deux mois déjà ! et l'on entend vos plaintes jusqu'ici... mais nous n'avons pas pu faire mieux ! Nous avons traversé la frontière syrienne à l'ouest pour entrer en Turquie où nous avons roulé le long de la côte durant 5 jours, pour 500 km, afin d'aller prendre le bateau à Techusu pour Chypre nord. Puis nous avons foncé au sud à l'aéroport de Larnaka où, où... ma fille Maud venait passer ses vacances avec nous. Nous ne l'avions pas vue depuis septembre 2004. Dans la foulée, un couple d'amis, Alain et Florence, sont venus nous visiter une dizaine de jours. Alors vous comprenez maintenant pourquoi nous n'avons pas passé notre temps à écrire des textes et aller sur Internet ? Nous avons préféré tous les trois, rouler, rouler et encore rouler... mais cette fois sur le dos et sur le ventre dans le sable des plages de Chypre, pays dont on vous contera les histoires plus tard.

Oui, nous avons aimé la Syrie. Nous y sommes restés 35 jours pour seulement 874 km. On peut même dire que nous avons été charmés, et pas seulement pour ses soirées chaleureuses telles que nous vous les avons racontées ! C'est un peuple dont l'hospitalité nous a rappelé un peu la Libye. Nous avons flâné plusieurs jours dans le labyrinthe des souks de Damas, dont rien ou presque n'a changé depuis le 13ème siècle. On achèterait tout, les objets sont de qualité... mais Christine ne sait pas où j'ai caché la carte de crédit... heureusement, car elle cherchait déjà les contacts pour acquérir une maison typique avec cour intérieur, petit bassin... etc.

Christine devant un magasin d'ameublement typique syrien
Christine devant un magasin d'ameublement typique syrien

Les épices
Les épices

Des tissus sans fin...
Des tissus sans fin...

On craque tout de même pour plusieurs objets que l'on enverra chez soi par la poste, dont deux tapis.

Vendeur malhonnête, conseillé par le "Lonely Planet"
Vendeur malhonnête, conseillé par le "Lonely Planet"

Nous avons la chance de rencontrer Yves Traynard, qui va nous aider à découvrir Damas. Un parisien visitant régulièrement la Syrie depuis 20 ans. On apprendra plus tard qu'il est l'auteur des guides "Michelin" et "Petit Futé" sur la Syrie. Il nous invite à un vernissage pour une expo de photos dans la galerie d'art Mustafa Ali, organisée par le centre culturel français.

Galerie d'art Mustafa Ali
Galerie d'art Mustafa Ali

Très belle soirée avec petits-fours et pleine de langue française, comme c'est bon ! La TV syrienne sur place nous improvise un interview. Leur première question est de savoir si nous avons rencontré des terroristes ! Beaucoup d'humour ! Après l'expo nous dînons pour 3 € chacun dans un superbe restau logé dans une maison du 18e siècle. Puis on se tire un thé dans une machine ambulante, sur le dos de cet homme.

D'origine turc ottoman
D'origine turc ottoman

Christine tombe malade. On appelle un médecin, il arrive en 10 minutes. Il parle français, diagnostique et donne les médicaments. L'histoire paraît simple, mais à l'étranger, en voyage, nous avons facilement la sensation d'être fragile. Le lendemain tout est en ordre, alors on va boire un jus de fruits à la mode syrienne, 75 cl, c'est succulent, du 100% fraise, framboise, banane, orange... etc. Nous n'avons ni l'un ni l'autre le souvenir d'en avoir bu d'aussi bons, puis petits gâteaux.

Pâtisseries à Damas
Pâtisseries à Damas

Trop lourds, on se repose dans une mosquée iranienne, fraîcheur et tranquillité assurée.

Ne dirait-on pas une vraie musulmane... ?
Ne dirait-on pas une vraie musulmane... ?

Les visas iraniens
On profite de cette capitale pour faire nos demandes de visas pour l'Iran. Trois semaines plus tard la réponse est : refusé ! nous n'en connaissons pas les motifs. C'est un léger souci car passer par le nord, c'est traverser l'Himalaya et en septembre, c'est impossible. Passer par le sud, c'est l'Arabie Saoudite, et c'est aussi impossible pour deux raisons : 1) nous ne sommes pas mariés, 2) Christine n'est n'y accompagnée de son père, ni d'un autre membre masculin de sa famille. Nous nous battrons donc à Erzurum en Turquie pour obtenir ces visas, en cachant peut-être que nous sommes à vélo.

Nous quittons Damas par le nord-est pour rejoindre Palmyre à 250 km par le désert. La route est étroite et il fait très chaud.

40 degrés et elle sourit, c'est bien une allemande !
40 degrés et elle sourit, c'est bien une allemande !

Beaucoup de camions, bus, voitures lourdement chargés, presque tous à destination ou en provenance de l'Iraq. A deux reprises un camion iraquien s'arrête pour nous saluer et nous donner des fruits. Accueil tout aussi amical des véhicules sur la route, néanmoins dangereuse. Notre attention est constante. A trois reprises, un camion double face à nous. L'air surpris de nous voir et complètement affolé, il nous fait signe de sauter au fosser... La route est pourtant bien droite ! On n'hésite pas une seconde, on saute ! Le conducteur du poids-lourd a l'attitude de celui qui n'aurait pas de freins sur son véhicule... Chaleur mais vent favorable. Mon porte-bagages casse à l'avant, les vibrations. Cet incident ne m'empêchera pas de rouler. Arrêt l'après-midi à un café à côté d'une station essence désaffectée. Nous regardons passer les camions avec les trois gars du café, sans se dire grand chose pendant une heure. On se serait cru dans un film d'Ennio Moricone. Même nonchalance que les deux chiens errants alentour. Un vieux bus s'arrête. Le chauffeur s'asseoit parterre devant nous pour discuter, alors tous les passagers se mettent autour pour écouter nos conversations avec curiosité. Derrière le café, un drôle de chien en laisse. On regarde de plus près... c'est une gazelle !
Arrêt pour la nuit au restau situé au carrefour des routes allant, l'une à Bagdad à 150 km, l'autre à Palmyre. Là, deux hommes de passage, ayant conversé avec nous sur notre voyage à vélo, profitent du moment où je vais me laver pour tendre un billet de banque à Christine. Elle refuse, ils insistent, elle décline gentiment, sans les froisser. Ils s'en vont. Mais lorsque nous reprenons sur la table le coupon de journal de l'article sur nous en langue arabe que nous leur avions montré, que voit-on ? Le billet qu'ils avaient glissé dessous en toute discrétion ! Ce billet représente tout de même 5% de leur salaire mensuel, soit une journée de travail... Nous dormons par terre dans le restaurant et le lendemain nous apprenons que le patron n'a pas dormi. Il a tué trois beaux gros scorpions qui courraient dans la pièce autour de nous. Nous devrons peut être faire plus attention dorénavant !
Arrivée au camping de Palmyre en soirée, une piscine sous les dattiers, rien que pour nous deux.

Quel plaisir !
Quel plaisir !

Palmyre, cité majestueuse, autrefois centre important pour le passage des caravanes entre Méditerranée et Mésopotamie. Le site illuminé en plein désert pourrait servir de scène de théâtre.

Eclairage nocturne
Eclairage nocturne

Nous quitterons Palmyre à 6h.30, pour 115 km en 9h.25 sur le vélo, nouveau record de durée ! Vent de face et pas un seul arbre sur tout le trajet, donc pas une ombre. Zones militaires, chars, bunker à gogo. A midi, on s'assoit sur un cailloux (sans scorpions dessous) pour pique-niquer. Il fait très chaud. Uu camion nous dépasse et fait marche-arrière pour s'arrêter à côté de nous. On se retrouve à l'ombre sans bouger. Les deux hommes nous offrent de l'eau fraîche et nous préparent le thé, très rafraîchissant, puis nous offrent encore quelques fruits avant leur départ. Ils sont super !
On demande dans une ferme où dormir, la réponse sera : dans la cour. La famille nous invite au repas du soir et nous attend au petit matin avec café chaud et petit-déjeuner local syrien, soit : foie mariné, confiture de figues, mini-aubergines farcies à la tomate, aux noix et épices, fromage style Roquefort en forme de boules roulées dans l'huile d'olives, rouleaux de feuilles de vignes, oeufs, olives. Tout est fait maison et excellent.

Quel accueil !
Quel accueil !

Le lendemain, 60 km plus loin, nous sommes invités à manger chez les patrons de la ferme, mis au courant de notre présence. Nous passerons tout l'après-midi ensemble...

Encore de l'hospitalité
Encore de l'hospitalité

... et ne repartirons qu'à 17 h, sur l'autoroute avec des rafales de vent latérales. On avance dangereusement et péniblement. Difficile de faire mieux que 8 km/h.

Petite anecdote pour le copain Yves
Après 10 km de galère, on voit au loin, au travers des arbres, quelques panneaux routiers, dont l'un indique... surprise et réjouissance ! un camping, un autre, un restau, un autre encore une aire de pique-nique. Chouette, mais bizarre à cet endroit et nous n'avions pas eu de signalisation. On approche par le chemin pierreux et que voit-on au détour d'un mur ? Une grande cour goudronnée où des voitures jaunes, toutes identiques, tournent sur des cercles peints au sol... et sur le mur d'enceinte intérieur, toutes les signalisations routières du code de la route... c'est... mais oui, c'est bien cela, une auto école ! Fou rire, Christine et moi, là au milieu en vélo... Les moniteurs rient autant que nous et nous proposent naturellement de camper sur la pelouse. Quelle chance, tout se résout, camping, toilette, bar...

Nous croisons un bus VW avec un couple de belges qui viennent d'Afrique du Sud. Ils ont croisé Hervé au Soudan, couché sous un arbre, 45 degrés à l'ombre. Hervé, cyclotouriste suisse que nous avions croisé en Jordanie. Il avait eu si froid dans les montagnes turques... et il doit avoir si chaud maintenant ! (Si l'un d'entre vous a ses coordonnées, transmettez lui nos amitiés, nous pensons souvent à lui)
Nous arrivons au Crac des Chevaliers (Qal'at al Hosn), par une côte terrible. Christine est debout sur les pédales mais le vélo s'arrête ! elle s'en veut encore d'avoir fait les 10 derniers mètres en poussant... surtout que l'homme est arrivé en haut ! Il existe donc bien des différences entre hommes et femmes... :-) Je, Christine, rectifie les dires d'Eric : une bourrasque de vent plus forte que les autres me stoppe nette dans la côte, Eric ayant passé l'épingle à cheveux et se trouvant avec le vent... dans le dos ! Pente trop raide pour regrimper sur le vélo avec suffisamment d'élan pour ne pas tomber..., bon j'arrête là les excuses... et laisse à mon homme sa fierté !

A l'arrivée au Crac des Chevaliers
A l'arrivée au Crac des Chevaliers

Château des croisés, commencé en 1099 et modifié selon les événements. Parfaitement bien conservé, son état actuel est proche de celui du 12ème siècle.

Vue générale du Crac des Chevaliers
Vue générale du Crac des Chevaliers

Nous repartons sur le nord, direction Alep. On prévoit 70 km dans la montagne par une vallée dont les habitants sont en majorité des chrétiens. On n'en fera que 7 ! Les côtes sont courtes mais très dures. Trois femmes à un balcon nous arrêtent pour boire un verre d'eau. On y passera l'après-midi, le repas du soir, et nous ne repartirons que le lendemain après le petit-déjeuner. Rencontre très forte en émotion, leur petit garçon m'accroche sa montre au guidon, comme cadeau et mémoire, les deux soeurs offrent chacune une bague à Christine. Nous n'oublierons pas la famille de George !

Une hospitalité pleine d'émotions
Une hospitalité pleine d'émotions

Après la plaine de la vallée du Ghab où nous longeons la rivière de l'Orontes, habitée tout le long, nous grimpons à nouveau la montagne dans une chaleur torride, pour arriver sur Ariha, ville aux succulentes cerises.

Quelques pauses dans l'intimité...

L'instituteur a eu bien du mal à les récupérer...
L'instituteur a eu bien du mal à les récupérer...

Arrivée à Alep où nous resterons 5 jours. Flâneries délicieuses.

Vue générale d'Alep
Vue générale d'Alep

Avec les ânes...
Avec les ânes...

Et bien sûr, les savons les meilleurs du monde à base d'huile d'olive et d'huile de laurier.

Les fameux savons d'Alep
Les fameux savons d'Alep

Visite du quartier chrétien parfaitement restauré. Les jeunes artistes-peintres traditionnels ou contestataires occupent la place principale. Ci-dessous, cette peinture d'une femme musulmane avec bouche grillagée donne droit à l'artiste à quelques regards mécontents.

Quelques passants moustachus ont le regard mauvais...
Quelques passants moustachus ont le regard mauvais...

Hammam Yalbougha an-Nasry
Dans la foulée de la douceur de vivre, on s'essaye au hammam. Le hammam Yalbougha an-Nasry. Construit en 1491 mais détruit et reconstruit plusieurs fois, il est aujourd'hui un des plus raffinés de Syrie.
Le cadre est incroyable avec musique douce et tapis partout dans la première pièce. On s'enroule un linge à la taille puis on se laisse cuire dans les vapeurs du sauna de la pièce suivante. Assis par terre sur la pierre brute, on s'arrose d'eau fraîche de temps à autre à l'aide d'un bol de laiton. La lumière douce vient des bulles de verre plantées dans la coupole du plafond et formant de chouettes motifs.

Les bulles de verre
Les bulles de verre

Les motifs lumineux sur la coupole
Les motifs lumineux sur la coupole

Le décrassage
Puis l'on change encore de pièce pour se faire décrasser. Un homme solide et musclé à la gladiateur cherche à vous enfoncer le gant de crin savonneux dans la viande. Il vous retourne au sol dans tous les sens puis vous rince à coup de sceau d'eau fraîche, au minimum comme une brute. Il commence ensuite les massages sans fin et vous aide à vous relever pour voir si vous tenez debout, plus dur que 100 km à vélo... Il vous accompagne dans la salle de repos où vous endossez de nouveaux linges secs et doux. Vous pouvez rester l'après midi. On vous y sert un thé, musique douce et décors magiques. Résultat : vous semblez vous envoler de légèreté. Vous sentez bon comme les bébés. Votre peau a la douceur de vos premières années. Il fait très chaud dehors et vous vous sentez pourtant plein de fraîcheur. Expérience magique que nous rechercherons tout le restant de notre séjour.

Nous allons maintenant quitter rapidement la Syrie pour retrouver Maud. Nous avons 500 km pour attraper un bateau à Techusu, sud Turquie et rejoindre l'île de Chypre.
Hé les copains ! ne râlez pas ! je n'ai pas oublié ma promesse du dernier texte. Ci-dessous la photo coquine des dessous féminins des femmes syriennes que je vous avais promise... et des petites lumières rouges s'allument à la place des tétins et... la musique se met en marche dès que vous touchez la petite culotte. Pas beau ?

Boutique dans les souks de Damas
Boutique dans les souks de Damas

La Syrie est un pays des plus authentiques qui mérite d'être visité et revisité, et l'hospitalité syrienne journalière sans arrière-pensée est plus qu'agréable. Ce sera un chouette souvenir.

Assis devant sa mosquée, il attend les copains
Assis devant sa mosquée, il attend les copains