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Le Japon, Honshu, Kansai, Shikoku
28 octobre 2008 - 15 mai 2009
Modernisme et nature se chevauchent

Si nous n’avons pas mis à jour notre site depuis longtemps, ce n’est pas par faute d’évènements à raconter ni notre ennui à partager. C’est peut-être tout simplement qu’il faut des arrêts pour mettre en musique un tel voyage. Le vélo donne le rythme mais pour en faire une ballade il faut y glisser dans la bonne clé toutes les notes que sont les visions, les évènements, les feelings et les rencontres. Et lorsque la musique est composée et bien jouée ce n’est pas toujours suffisant pour la comprendre.

Il est maintenant l’heure de vous écrire et sélectionner quelques clichés. Installé dans un camping fermé, je trouve une prise électrique dans des toilettes pour handicapés, assis en tailleur à l’extérieur sur notre bâche de tente encore humide des violentes averses d’hier. Léo Ferré avec sa poésie et ses envolées symphoniques vont me remettre à l’heure et peut-être m’inspirer ? Durant ce temps, Christine va visiter toutes les petites fleurs alentours en écoutant le chant des nombreux oiseaux aux consonances asiatiques (ceux-là même qui m’ont réveillé à 5h30 du mat !) puis... faire la lessive, coudre deux nouvelles fermetures éclair de 1,50m sur la tente, coller des rustines sur les sacoches Ortlieb TOUJOURS percées, préparer le repas et par manque de pain dans les commerces, va avoir l’idée j’espère de mettre la main à la pâte et de malaxer quelques délicieux chapatis.

Nous arrivons donc de nuit, d’Hokkaido par bateau à Aomori dans le Honshu, l’île principale du Japon. Nous plantons la tente sur un coin de pelouse du port où quelques gais lurons viennent tester leur anglais.

Pour aller visiter Kakunodate, nous choisissons la route n° 7 qui longe la côte ouest sur environ 200 km. Plus rien à voir avec Hokkaïdo ! Beaucoup de voitures sur des chaussées étroites, un trafic fou et ça roule vite. La plupart respectueux mais pas tous ! Je dresse parfois mon index balançant en guise de réprimande aux conducteurs surpris qui s’excusent immédiatement avec des airs d’enfants fautifs et désolés. Mais il faut savoir qu’au Japon les cyclistes roulent sur les trottoirs, avec les piétons. Seuls quelques rares coureurs cyclistes s’aventurent sur la chaussée.
Kakunodate, petite ville d’antan soignée et active est un régal de balade dans ses ruelles bordées de maisons de samouraï de 200 ans d’âge, dont certaines habitées par leurs descendants directs. Avant le XVIIe s., les samouraïs étaient des cultivateurs aux ordres de leur "daimyo" (seigneur) qu’ils accompagnaient aux combats. Plus tard, ils devinrent membres d’une caste militaire contrainte aux règles strictes de la "voie des guerriers".

Maison de samouraï
Maison de samouraï

Porte d’entrée d’une maison de samouraï
Porte d’entrée d’une maison de samouraï

Jardin dans une maison de samouraï
Jardin dans une maison de samouraï

C’est début novembre, il fait déjà bien froid et pleut souvent. Les arrêts routiers "mitchino eki" ont toujours de jolis petits abris pour pique-niquer où nous installons la tente pour y passer la nuit.

Côté est, à 150km de là, Hiraïzumi, un autre site à ne pas manquer mais il faut traverser la montagne centrale du Honshu aux couleurs automnales.

Les tunnels
Une grosse frayeur à l’entrée d’un tunnel où le vent s’y engouffre avec une incroyable puissance. Christine descend du vélo tous freins bloqués. Nous avons l’impression d’être aspirés comme poussières dans courant d’air. Freins serrés et pieds au sol, mon vélo continue d’avancer très lentement. Quelques mètres plus loin, une accalmie. Cette sombre veine nous libère trop lentement alors qu’un flux sanguin motorisé fonce à toute allure dans les deux sens, aucun dégagement prévu. Christine a peur, il faut en sortir. Je surveille le bon fonctionnement de nos minus globules rouges (qui pourtant apportent un peu d’oxygène) dans ces globules blancs à iode éblouissants qui semblent vouloir nous dévorer. Dernièrement, le regard fixé sur mon rétroviseur, je ne soupçonnais aucun changement de direction du véhicule qui me fonçait sur l’arrière. Ma tension monta, mon coeur s’accéléra ! ce con ! j’ai hurlé et secoué le bras tendu, ses pneus crissèrent dans son décrochement, il me toucha à peine l’ongle du majeur, il s’en est fallu d’une fraction pour que le voyage ne s’arrêta là. Le chauffeur m’a attendu à la sortie du vaisseau, appuyé sur son ventricule droit, il tremblait réellement et ne savait comment s’excuser. Il ne nous avait simplement pas vus. Dans un tunnel, le cycliste n’est qu’un microbe.

Hiraizumi fut construit au XVIIe s. par le riche Kiyohira sur ordre des bonzes de Kyoto afin d’y créer le paradis sur terre. Respectant les principes du bouddhisme à l’époque même où les guerres féodales faisaient rage, les hommes éclairés ou hommes d’affaires du haut rang des bouddhistes savaient déjà utiliser l’argent et le pouvoir de leurs disciples pour grandir leur propre gloire.

De magnifiques érables japonais
De magnifiques érables japonais

Ma hernie grossit depuis la Sibérie et commence à s’imposer. Notre idée fixe est donc de descendre rapidement à Tokyo pour me faire opérer. La capitale est une ville chère et les soins également. Ce qui ajoute un autre souci puisque nos comptes bancaires sont devenus depuis quelques mois inlassablement et irrésistiblement en négatif. Mais Zorro aux cheveux grisonnant figurant sur la photo précédente est arrivé, il s’appelle Gilles de Maublanc et visite les temples d’Hiraizumi accompagné de sa femme Mutsumi. C’est un ingénieur français retraité qui a beaucoup travaillé au Japon, avec qui nous discutons longuement. Un couple très à l’écoute avec de larges relations, qui de fil en aiguille, propose de nous chercher une solution. Trois jours plus tard, ils nous envoient un mail avec les coordonnées d’un excellent chirurgien aux fonctions élevées dans l’hôpital le plus réputé de Tokyo, ainsi que l’adresse de Chihiro dont les parents possèdent un studio libre et qui sont prêts à nous loger le temps qu’il faut pour quasi dire gratuitement. Alors que les radios, TV et journaux ne parlent que des méchants de la terre...

Nous apercevons le Pacifique et prenons le casse-croûte devant un petit magasin perdu en pleine campagne, lorsque deux enfants trisomiques en promenade nous offrent leur sandwich entamé et leur tablette de chocolat...
Le lendemain, un conducteur handicapé nous voyant monter la tente sous la pluie, descend pour nous offrir deux bières.

Nous longeons la baie de Matsushima dans laquelle émergent 250 îles sauvages couvertes de roches et pins tordus, un site extraordinaire même par ciel gris. Un bémol pourtant ! tous ces bateaux mouches et hauts parleurs criards qui prétendent expliquer cette nature à des touristes qui préfèreraient probablement le silence. Des infrastructures à outrance oubliant le site lui-même, en faveur du business.

Nous abordons Tokyo par le nord avec crainte. Nous l’avions imaginé similaire à Bombay ou au Caire ! Erreur, ce fut une succession de villages, petites échoppes et petites ruelles de style tout asiatique.

Une journée pour 65 km de banlieue avec arrivée à l’heure à la gare de Kawaguchi ou charmante Chihiro nous attendait avec son « charinko » (vélo de grand-mère) pour rejoindre son studio vacant. Deux maisons, une cour, un appartement vide, c’est un ensemble de propriété familiale. Notre accueil fut chaleureux, comme si nous faisions déjà partie des leurs. Toshi le père, Yuko la mère, Chihiro la fille, le père de Mutsumi et nous-mêmes invités, allèrent dans un restaurant traditionnel au menu délicieux, pendant que Kohta le fils travaillait.

Nous entreposons les vélos avec 37'900 km au compteur dont 3'640 km au Japon pour l’instant.
Je visite le chirurgien qui confirme le diagnostic envoyé préalablement par mail par mon médecin Rémi. C’est bien une hernie inguinale. S’en suit analyses diverses et je passe comme un pion de service en service, communication difficile. L’opération sera le 26 novembre dans une semaine. La pharmacie ? On y boit le thé en attendant sa commande.

Tout est planifié mais je dois verser cash 4'000 euros de dépôt avant l’opération et nos comptes ne se sont pas améliorés. Je contacte par téléphone mon assurance AVI à Paris et son service d’assistance. Le jour même, ils payent le dépôt, confirment la prise en charge à 100% et me remboursent même le coût de mes appels ! Chapeau.

En attendant, reste cinq jours à parcourir Tokyo, mais par quel bout s’il en existe un ?
Tokyo, c’est la technologie et le business, c’est l’effervescence diurne et nocturne, c’est le manga et la mode insolite, c’est la star de l’amour avec ses « love hôtels », c’est le monde flottant de la période d’Edo, c’est d’une organisation inégalable dans des rues aux adresses introuvables d’une complexité abominable. Mais au centre de ce boum contradictoire, il y a les Japonais qui vous aident, vous rendent service avec ce sens du détail d’une tradition millénaire que pousse à l’extrême leur nature artistique raffinée.

Nous commençons par la visite classique du sanctuaire shintoïste Meiji-jingu avec ce jour-là, beaucoup de célébrations diverses.

Leurs 20 ans avec leur maman
Leurs 20 ans avec leur maman

Une jeune mariée
Une jeune mariée

Coiffure traditionnelle
Coiffure traditionnelle

Son anniversaire
Son anniversaire

Les "cos-play-zoku"
A quelques pas de là, le pont Jingu-bashi où certains jeunes aux expressions délirantes aiment se retrouver le week-end. Deux mondes qui se côtoient avec tout le respect qui se doit dans une éducation sans reproches. Ces jeunes appelés "cos-play-zoku" débarquent le plus souvent des banlieues voisines avec leur valise, se changent, minaudent et posent pour la photo.

Quant aux cos-play-zoku masculins, qui d’entre vous s’identifie ?

Toute effarouchéééee !
Toute effarouchéééee !

Petit short et bas noirs
Petit short et bas noirs

Puis nous arrivons au carrefour de Shibuya, légèrement surpeuplé mais où personne ne s’entrechoque jamais !

Collés aux immeubles, les petits quartiers de maisons individuelles avec jardins; les architectures sont variées et passent du traditionnel à l’original, comme cette façade sur rue en forme d’étagère à livre.

Puis on grimpe la colline du quartier des "Love hôtels", un lieu discret pour les rendez-vous galants. La réception est un petit trou mural par lequel passe un bras qui tend la note et prend l'argent, discrétion totale. Leurs décos souvent de couleurs vives sont enfantines et représentent des scènes de rêves, tels que Wald Disney, palais enchanteurs, demeures de maharadjah, casbah, etc.

Les charmantes ruelles du quartier d’Ueno.

Sont-ce de vraies ou fausses pour touristes demandeurs ?
Sont-ce de vraies ou fausses pour touristes demandeurs ?

Le quartier d’Asakusa et son temple

Un charpentier y perdrait son latin !
Un charpentier y perdrait son latin !

A voir autant de tradition et sur proposition de Chihiro, Christine essaye le yukata de Yuko.

Puis le quartier de Ginza avec ses constructions modernes.

Hibiya Moat
Hibiya Moat

Et hop ! entrée à l’hôpital pour 24h. En fait, avec un petit problème médical imprévu, j’y resterai 5 jours durant lesquelles bon nombre d’étudiants étudièrent mon cas. A trois reprises, un médecin de mon assurance à Paris me téléphone pour prendre des nouvelles et me servir de traducteur.

Eric, un mec branché !
Eric, un mec branché !

On me libère enfin mais avec une sonde dans le sexe et un p’tit bidon accroché au mollet pour 10 jours de plus que je passerai à lire au studio sous les soins de Christine.
Blessé là où est la selle, il ne m’est pas permis de faire de vélo pour au moins deux mois. Nous décidons alors de rentrer en Suisse et passer les fêtes de fin d’année en famille. Il reste une semaine avant de prendre l’avion. Nous faisons la surprise au jeune team d’Hokkaido de les retrouver un soir au restaurant (ils étaient entre-temps revenus travailler à Tokyo) et c’est la fête.

Mika et Christine
Mika et Christine

Le quartier d’Harajuku

Rue des Ecoliers
Rue des Ecoliers

La vie n’étant pas sans surprise, nous recevons un mail de Jonathan et Karen. Les deux cyclistes australiens rencontrés en Russie, proche du lac Baïkal. Ils viennent d’arriver à Tokyo. Ce sont les 43 ans de Jonathan que nous fêtons en leur préparant des crêpes au chocolat.

Des porcs ces Australiens !
Des porcs ces Australiens !

Karen et Jonathan aussi riches que nous pédalaient en rond dans Tokyo, cherchant un éventuel camping :-) Ils sont forts ces Australiens ! Néanmoins, un couple de gens âgés les voyant passer au ralenti les interpelle. Ils ont un fils vivant aux Etats-Unis et prennent plaisir à aider les étrangers. Karen et Jonathan sont donc invités à loger aussi longtemps qu’ils le désirent chez ces adorables octogénaires qui tiennent un magasin de thé. Les amis leur parlant de nous, nous sommes invités le lendemain pour la cérémonie du thé.

Quel délicatesse !
Quel délicatesse !

Et nous quittons la famille de Chihiro qui va avoir la gentillesse de garder nos vélos et tout notre équipement jusqu’à notre retour. Chihiro nous accompagne à l’aéroport, c’est l’heures de pointe. Les hommes en costumés et enchemisés lisent dans le métro les mangas historiques, scientifiques, divertissants et coquins. Ces mêmes businessmen se retrouvent le soir en jeans devant une bière à rire avec leurs amis.
Nous quittons ces contrastes et contradictions, déjà contents d’y revenir sous peu pendant que Chihiro prend l’avion pour passer quelques mois au Canada.

Je ne vais pas m’attarder sur notre retour en convalescence puisque ce site concerne notre voyage à vélo, mais néanmoins :

"Entre selle et terre" de Claude Marthaler
Nous sommes invités à découvrir le nouveau livre de Claude Marthaler titré "Entre selle et terre", relatant son expérience récente sur les routes avec Nathalie Pellegrinelli. Une route qui fut en partie la nôtre et sur laquelle nous nous croiserons deux fois, en Inde puis au Népal. Nous vous encourageons vivement à l’acheter via son site : www.yaksite.org

Salon de l’Automobile de Genève
Nous avons besoin d’argent, aussi nous allons travailler à vélo au... Salon International de l’Automobile de Genève où je retrouve mes anciens collègues, à peine vieillis de 14 ans...
Christine travaille dans les vestiaires et moi je nettoie le désordre qu’engendre le passage de plusieurs centaines de milliers de visiteurs. Au milieu du lot, une voiture intéressante ! Celle de Guy Nègre qui utilise l’air extérieur, le filtre, le compresse et le rejette plus propre qu’il n’est entré. La plus écologique de toute. Très bon marché et bientôt commercialisée (voir son site).
Puis à relever bien sûr, que les hôtesses sont de loin plus jolies que les voitures :-)
mais moins que les vélos bien entendu !

Salon de l’Auto de Genève
Salon de l’Auto de Genève

De nouvelles selles cuirs sur le marché
Gilles Berthoud a enfin créé de nouvelles selles pour femmes et hommes ! La vraie bonne selle traditionnelle mais aux conceptions nouvelles. Il a peaufiné sa réalisation et pris son temps, mais il faut voir le résultat ! L'ossature solide est démontable, résistante mais souple et son cuir de 1ère qualité est façonné pour épouser le mieux possible la forme de nos précieux fessiers. Plus besoin de clé spéciale pour retendre la peau. Fixations prévuent pour accessoires. Une selle comme tout cyclotouriste en a rêvé. Il nous les offre et nos fesses ainsi chouchoutées pédalent fort comme posées sur du velours depuis 2000 km, bien que les trois premiers jours aient été difficiles.

Notre retour
Et nous retrouvons fin mars la famille de Chihiro, nos vélos et les bagages. Prêts pour la suite direction sud.

Ile de Niijima
Je sens encore la cicatrice. Nous allons repédaler doucement en visitant l’île de Niijima, face à Tokyo. L’eau est glaciale mais campent ici quelques surfeurs courageux. Nous retrouvons nos habitudes d’aventuriers, de vie sauvage. Je lis la « Chronique japonaise » du voyageur Nicolas Bouvier, un vrai chef-d’oeuvre qui me coupe littéralement l’envie d’écrire, puis "Le poisson scorpion" du même auteur, une autre merveille.
Sur l'île, un onsen avec plusieurs bassins et vue sur le Pacifique, un régal au coucher du soleil.

Nous rejoignons la presqu’île d’Izu Hanto le 4 avril, bien vu le coup de l’opération qui nous permet d’être ici pour "sakura". Car le Japon sans les cerisiers en fleurs, c’est le fromage français sans le verre de rouge. Le Japonais va les contempler ("hanami") le temps de quelques piques-niques pour ne pas en manquer une seule miette, pardon, un seul pétale. Il est plaisant de voir enfants, couples, retraités ou jeunes ados yeux ronds tout ébahis devant une petite fleur. Sakura est éphémère, juste une semaine durant laquelle c’est la fête. La fleur met le ciel en couleur et raconte la vie.

On les photographie
On les photographie

A midi pour leur ombre
A midi pour leur ombre

Les après-midi pour les balades
Les après-midi pour les balades

Sur fond bleu pour le plaisir des yeux
Sur fond bleu pour le plaisir des yeux

Au coucher du soleil en bord de lac
Au coucher du soleil en bord de lac

Le soir pour le souper aux lampions
Le soir pour le souper aux lampions

Sakura annonce sa fin en clairsemant ses pétales
Sakura annonce sa fin en clairsemant ses pétales

C’est l’agonie dans une tempête de pétales
C’est l’agonie dans une tempête de pétales

Demain ce sera fini pour 2009
Demain ce sera fini pour 2009

C’est beaucoup pour nos lecteurs dix photos de sakura ? Les Japonais ne s’en lassent jamais !
Nous longeons la belle côte est d’Izu Hanto

...pour aller voir l’incontournable mont Fuji, trop tôt dans la saison pour grimper à son sommet à 3’776m

A l’aube
A l’aube

Dans le monde flottant
Dans le monde flottant

Nous traversons Shizuoka au mieux et regardons alentour où monter la tente lorsqu’un mécanicien sur bateau nous arrête. Il avait fait le tour du Japon à vélo 40 ans plus tôt. Il nous invite à dormir chez lui dans sa sobre maison de bois. Douche, internet, bière fraîche, puis il prépare le repas, sashimi et autres spécialités. Notre profond sommeil sur tatami s’arrête à 5h du mat, heure normal du réveil japonais.

Tout ce qui se déplace au Japon passe par là ! C’est l’abominable transit dans les plaines entre Tokyo, Kyoto et Osaka. On évite alors Nagoya pour préférer Atsumi Hanto et passer en ferry sur le district de Mie pour visiter Ise, le plus sacré des sanctuaires shinto du Japon.

Une toiture remarquable
Une toiture remarquable

Le lac « Biwa Ko » ressemble un peu au lac Léman. Nous roulons 180 km pour en faire le tour. C’est beau et bien préservé malgré les villes proches. Nous croisons à deux reprises un cyclotouriste parfaitement bien équipé.

Eric prend sa dose quotidienne de chocolat "Ghana"
Eric prend sa dose quotidienne de chocolat "Ghana"

Nous rattrapons deux cyclistes qui poussent leur vélo. Le fils a crevé sa roue arrière, le père a les petits yeux du vaincu. Ils faisaient un tour du lac sur 2 jours et se voyaient contraints d’abandonner. Durant leurs explications à Christine, je répare la roue. Ils ne savent comment nous remercier. Le lendemain matin, Yoshiyuki nous retrouve à notre bivouac pour nous remettre deux sacs pleins de nourriture régionale et nous inviter à une "sakura party", dans son jardin privé. Nous sommes une vingtaine à passer une soirée magnifique.

39'000 km au compteur lorsque nous entrons à Kyoto, ville de la culture traditionnelle japonaise, ville d’histoire et ancienne capitale du pays, deux mille temples et sanctuaires et 17 sites classés au patrimoine de l’Unesco. Kyoto représente tout ce que nous savons du Japon en Occident. Un îlot du passé avec ses geishas, ses ruelles bordées de maisons de bois, ses tuiles grises vernies, ses jardins et ses collines qui lui donnent un charme exceptionnel.

Et dans chaque recoin des petites décos

Tout le monde tend à respecter ces traditions, aussi, les touristes japonaises se font plaisirs à louer des kimonos pour se promener en ville.

Zen signifie méditation et pour savoir méditer, il existe des écoles dans lesquelles par épuration et simplification, on espère avec insistance traverser le miroir et se retrouver éveillé, c’est-à-dire, atterrir dans un monde parfait, harmonieux où les contraires et ennemis deviennent copains.

Exemple de jardin Zen
Exemple de jardin Zen

Les jeunes Japonaises aussi simplifient leur jupette au minimum...et ce n’est pas une illusion selon la doctrine.

Et si malgré les écoles, les jardins et les jeunes filles, vous ne réussissez pas à Croire alors on vous offre encore une chance et celle là ! fallait-il être sacrément rusé pour y penser !
Un bonze a fait un trou de la taille d’une narine du Grand Bouddha dans un pilier de bois du temple Todai-ji et annoncé : « Celui qui parviendra à passer au travers connaîtra l’Eveil »

J’ai réussi et n’ai rien vu de changé
J’ai réussi et n’ai rien vu de changé

Quand j’ai parlé des 2000 temples et sanctuaires, j’ai senti votre peur. N’ayez crainte, vous ne verrai que notre préféré, le Temple d’Or (Kinkaku-ji) qui avant d’être temple était villa en 1397.

Et le soir, se balader dans les petites rues du quartier de Pontocho et manger discrètement, sans vagues, en tête-à-tête...impossible.

Au centre ville, comme pour dire nous n’en sommes pas restés là, dans le passé, sans évoluer dans notre monde contemporain, se dresse la gare de 15 étages, énorme structure de métal et de verre. Elle plaît ou ne plaît pas mais crée des controverses depuis 15 ans. Nous nous y sommes perdus mais avons été impressionné.

Et dans ce monde nouveau, deux petites dames s’y promènent, anachronisme superbe dans ce décor théâtral.

Nous visitons une "ageya", maison du plaisir ou salon culturel du quartier de Shimabara édifiée en 1641. Les geishas divertissaient les hôtes avec cérémonie du thé, danses et chants.

Cherchant notre chemin, un Japonais et une Suissesse nous abordent. C’est Viviane Fontaine, une artiste de Fribourg et lui, photographe officiel japonais au Tour de France. Il regarde nos vélos et dit : «Ils viennent de Pont-de-Vaux, passez donc au magasin de vélo Grand Bois au nord-ouest de Kyoto, le patron connaît bien M. Berthoud. Quelle surprise ! un excellent magasin de vélos qui vend du matériel signé Gilles Berthoud et qui crée ses propres pneus. Il change mon axe de pédalier qui avait un léger jeu.

Par la route 24, nous quittons Kyoto qui fût la 2ème capitale japonaise pour Nara qui fût la 1ère. Avant cela, la capitale changeait de ville à chaque fois que l’empereur mourait. Les visites Bouddha qui commencent à me gonfler sont couronnées par la cerise sur le gâteau, pardon le bouquet sur la tête... d’une none !

Il fait encore bien frais mais nous allons toujours au sud, bloqués par le plus long pont suspendu du monde avec ses 3’910m, interdit aux bicyclettes. Nous passons dessous en ferry pour rejoindre la quatrième plus grande île de l’archipel japonais, le Shikoku.

Depuis Hokkaido, nous n’avons pas vu de belle nature vierge. Le Japon moderne et industrialisé envahit les plaines. Nous aurions dû nous perdre sur de plus petites routes mais nous avons ainsi pénétré une facette différente du pays.
Mais en arrivant sur Shikoku, plus on avance...

... plus les vallées sont escarpées et plus les gorges sont profondes.
Il faut traverser les ponts de lianes suspendus pour accéder au camping. Nous avons l’impression que Rambo va jaillir soudainement, son couteau entre les dents.

Il nous a fallu de bons mollets. Les côtes sont vraiment raides mais nous arrivons au centre de l’île proche de son sommet, le Tsurugi San. Nous sommes arrêtés deux nuits et une journée par une pluie torrentielle, au pied du chemin de rando qui mène au sommet. Il y a juste deux petits lacs où les daims nous visitent, un hôtel-restaurant et onsen au nom français "Restaurant Laforet" super agréable avec gérants formidables qui nous gâtent.

Le soleil est de retour, on grimpe au sommet

Le sommet à 1’955m d'altitude
Le sommet à 1’955m d'altitude

A Shikoku on y vient principalement en pèlerinage pour ses 88 temples sacrés à visiter en deux mois de marche. C’est un peu notre Saint-Jacques-de-Compostelle.

Ci-dessous, un pèlerin pas comme les autres...

Malgré nos 5’200km au Japon, il nous reste encore à quitter le Shikoku, visiter Kyushu avant de voguer vers la Corée du Sud.
Une dernière image "Japon classique"

Le carrelage est dur, le soleil fait briller mon écran et je confirme l’incroyable obstination des insectes de toutes sortes à vouloir planter leur dard dans ma viande, ont-ils donc à ce point toujours faim ?
Mais ma mise à jour du site est prête, reste à trouver une connexion internet.

A suivre...