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Le Japon à vélo, dernière partie
16 mai 2009 - 18 juin 2009
Les traditions s’intègrent au monde moderne

Voici un 3ème et dernier petit texte qui concerne la partie entre Tsurugi San dans le Shikoku et notre départ du Japon en ferry de Fukuoka sur l’île de Kyushu, pour Pusan en Corée du Sud.

Le lendemain de notre dernière mise à jour nous rencontrons à la poste du village, Youtaka, ayant vécu en Australie. Il nous invite à déguster ses vins et passons la soirée avec sa famille. Pour nous accueillir, sa femme installe des bouquets de roses sauvages dans la maison et dissémine une pluie de pétales sur le balcon afin d’y répandre une agréable odeur, juste un petit détail sur l’importance des fleurs et l’expression du raffinement japonais. Sa femme cuisine de nombreux petits plats traditionnels délicieux. Dommage qu’avec le manque d’habitude à boire l’alcool, le retour au campement fût difficile. Ce fût je crois, la plus grosse cuite de ma vie. Quelle mauvaise nuit !

Puis nous repartons sur les routes, direction sud, fiers de nos nouvelles lunettes Uvex offertes lors de notre retour en Suisse par le représentant Uvex chez Derendinger SA à Genève.

Pour arriver à Matsuyama, là où se trouve le plus vieil onsen du Japon.

Ses eaux auraient un sérieux pouvoir de guérison.
Ses eaux auraient un sérieux pouvoir de guérison.

La salle commune
La salle commune

On prend un petit ferry pour l’île de Kyushu qui fût la première île ouverte à l’Occident, vivant sous la menace de volcans fumants et capricieux.
Quelques km pour arriver à Beppu, petite ville thermale aux célèbres onsen, dont certains, certes rudimentaires, remontent à l’ère Meiji (1868-1912)

Onsen Shitan Yu
Onsen Shitan Yu

Tout autour de nous, des volcans plus ou moins vieux, plus ou moins actifs, comme le Yufu-dake.

Au coucher du soleil
Au coucher du soleil

Puis le Naka-dake avec sa caldeira en activité la plus grande du monde, 128km de diamètre. Le cratère est si grand et si fertile que petit à petit se sont installés villages et petites villes. Même la voie ferrée y est construite.

Les bords de la caldeira
Les bords de la caldeira

Le cratère subitement interdit au public ce matin-même.
Le cratère subitement interdit au public ce matin-même.

Proche du cratère actif
Proche du cratère actif

Un petit volcan dans le cratère du grand
Un petit volcan dans le cratère du grand

Pour rejoindre la côte est, le Kyushu vallonné et montagneux est couvert de très belles forêts.

La photo pourtant toute simple ci-dessus me trouble avec ses trois éléments forts.
- La nature magnifique et sauvage
- En son milieu, le dur et superbe travail de l’homme dans la création de rizières nourricières.
- De cette rizière apparaît l’ombre d’un pont suspendu, la menace directe de la technologie. Ici, bien gentille avec le pont, mais à quelques km de là, la technologie et sa bombe atomique tomba sur Nagasaki. 75000 morts, 75000 blessés ! chiffres estimés dans l’incertitude des conséquences dans le temps.
Pour être décent, nous ne montrerons que cette horloge brûlée ci-dessous qui se trouvait à 800 mètres de l’hypocentre. Elle s’arrêta sur 11 heures 02, le 9 août 1945.

A Aoshima, le climat devient tropical.

Nous étions arrivés au Japon à Hokkaido, pointe extrême nord, nous arrivons à Ibusuki, pointe sud. Sa réputation vient essentiellement des plages de sable chaud et noir qui incitent à l’ensablement, enroulé dans son youkata avec une délicieuse sensation oscillant entre bien-être et étouffement.

Le concept intéressant des cultivateurs de la région est de mettre en sac leurs légumes pour une valeur de 100 yens chacun. Une petite boîte à l’entrée de l’échoppe pour y mettre vos yens équivalents à vos achats. Pas de contrôle, et le matin le paysan remet des légumes frais et prend ses sous.

Servez-vous et déposez vos sous dans la boîte
Servez-vous et déposez vos sous dans la boîte

Nous remontons l’île de Kyushu par la côte ouest jusqu’à Fukuoka pour y prendre le ferry qui mène à Pusan en Corée du sud.
Notre dernière image est celle d’enfants s’entraînant aux combats de futurs sumos.

Au revoir Japon. Ce fût un total de 6'356 km à vélo sur lesquels il n’y a pas eu deux poids deux mesures ! Ce fût mi-superbe, mi-horrible.
L’horrible, ce sont les vallées où les 127 millions d’habitants essayent d’y trouver une place. Ces mêmes vallées regorgent d’autoroutes, entreprises, usines, pollution et décibels sans vraiment s’occuper des cyclistes qui galères à se prendre pour des piétons en utilisant trottoirs et passages cloutés. Les routes sont vraiment trop étroites.
Le superbe, la liste est trop longue et une vie n’y suffirait pas pour prétendre le connaître et le comprendre.
- Une succession de 3’900 îles sur une latitude proche de la Sibérie (45 degrés nord) avec ses phoques et descendant à la hauteur de Miami (25 degrés nord) avec ses singes.
- 80% de montagne, nature avec lacs et volcans, petits villages, ours et autres bêtes sauvages.
- 3000 onsen, du bonheur de la relaxation aux vertus médicales et bénéfiques.
- Sommets enneigés et sports de montagne.
- Les restaurants aux parfums de fruits de mer.
Mais avant tout, dans notre mémoire restera gravé tous les habitants rencontrés.

Le shochu japonais est excellent mais ce n’est pas son alcool qui nous a fait tourner la tête, c’est le nombre de bivouacs sauvages et d’images en tous genres à digérer.
Nous sommes ivres d’impressions, tout comme ce chat endormi.

Au Japon la tradition demeure mais elle n’impose ni le statique ni la bêtise ! Elle est utilisée comme fondement solide et ne gêne que bien peu l’évolution, ni sociale ni culturelle. Comme pilier, on l’intègre au monde moderne et on l’adapte.
Ici on s’excuse d’abord, on s’explique ensuite.