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Nord Laos de Xam Nua à la Thaïlande
17 juillet 2010 - 24 août 2010
Espaces sauvages et beauté rurale

Nous sommes donc à Xam Nua, au nord-est du Laos et il nous reste trois semaines de visa laotien. Nous devrons sortir par la Thaïlande et reprenons donc la route de Poulao. Vous vous souvenez ? celle où notre ami Renaud a eu son accident. On s’arrête, on se recueille une minute, puis cherchons son verre de lunettes de soleil que l’on aperçoit dans les feuilles mortes, dix huit mètres quarante (exactitude particulièrement apprécié par notre webmaster) plus bas dans le ruisseau. On le lui renvoie par la poste. Renaud va mieux, sans être au top.

A la campagne, hormis quelques rares bâtisses de briques ou ciment, le nord est resté authentique. La petite route sillonne ou file droit dans la pente, parfois si raide que la chaîne crisse et menace de casser. Les espaces sauvages sont immenses et lorsque les hommes y sont installés, toute leur vie est tributaire de la nature. Les ethnies sont nombreuses. Les hommes sont pêcheurs et chasseurs. Ils s’enfoncent dans la forêt et ramènent le sanglier dont ils sèchent la viande pour la conserver. Ils mangent les serpents, les araignées, les divers vers, cochons, poulets, buffles et autres bêtes passantes. Ils mangent le bambou et ses pousses, des herbes et fruits sauvages, puis ceux de leur jardin et riz des rizières. Ce style de vie, grâce au peu d’habitants, ne constitue pas à lui seul une menace pour les espèces.
Leur maison est de bois. Tronc d’arbre pour structure, bambou taillé pour tuiles ou paille de riz. Planchers, portes et balcons, tout provient des divers bois alentour, fibres de coco, feuilles de bananiers, etc.

Et on prépare ses matériaux en bord de route
Et on prépare ses matériaux en bord de route

Et on se lave à la rivière
Et on se lave à la rivière

Les tissages
Et sous ses pilotis, la maîtresse de maison tisse. Elle y passe des heures et des jours à créer des chefs-d’oeuvre qu’elle portera ou vendra l’équivalent d’un euro le mètre. On trouve une douzaine de styles de tissage au Laos. Les teintures naturelles sont le rouge (extrait d’un insecte vivant dans les troncs d’arbre), le bleu (indigo), le noir (graines d’ébène), l’orange (graines et bois du tamarin) et le jaune (racine de curcuma), qui sont les bases de nombreuses autres teintes. Les ikats, dont les fils sont teintés avant d’être tissés (incroyable technique) sont magnifiques.

Contre le mur, un coq isolé est pendu avec un bon noeud coulant bien serré. Je le croyais mort. Pourtant, 30mn plus tard, il me regarde avec un œil ouvert comme si j’étais responsable, puis secoue une dernière fois ses ailes. On le mangera ce soir.

Et puis tous ces sourires d’enfants qui jouent avec un rien
Et puis tous ces sourires d’enfants qui jouent avec un rien

Direction Vieng Thong, la route à 1000m d’altitude en pleine nature est un paradis pour les papillons, tous plus beaux les uns que les autres.

Le plus grand s'assomme sur une lampe
Le plus grand s'assomme sur une lampe

Sur nos vélos !
Sur nos vélos !

Le papillon choisi par Apple comme fond d’écran iPod
Le papillon choisi par Apple comme fond d’écran iPod

Ce même papillon choisit la selle Gilles Berthoud pour y poser ses ... Pattes
Ce même papillon choisit la selle Gilles Berthoud pour y poser ses ... Pattes

On arrive à Vieng Thong sous la pluie qui ne cessera pas durant trois jours, mais le vert des rizières s’allume.

Direction Nong Kham, la forêt tout autour et parfois un village où l’on prend un p’tit r’pas. Dans nos sacoches, y’a pas que la gnôle de mon oncle Michel, y’a aussi ... des truffes de Sacquenay que Didier et Béatrice Quantin nous avaient offert. Une omelette aux truffes dans un village lao au p’tit déj ! pas beau ?

Une petite omelette aux truffes
Une petite omelette aux truffes

Même les jouets d’enfants sont natures et qu’est-ce qu’on s’amuse à observer deux gros magnifiques scarabées-rhinocéros mis face à face.

Femmes Hmong
Femmes Hmong

Et nous arrivons à Nong Kio, encore une région karstique intéressante, bien visitée par les touristes.

Arrivée à Nong Kio
Arrivée à Nong Kio

Nong Kio est traversé par la rivière Nam Ou, navigable, qui vient du nord et va se jeter dans le Mékong assez proche de Vientiane. La superbe vallée de la Nam Ou ne se visite que par bateau. On s’embarque une journée entière pour arriver à Muang Khua plus au nord.

Des rives à la végétation impénétrable
Des rives à la végétation impénétrable

Ce petit bateau est le seul transport possible pour desservir les villages côtiers. Une maman avec sa fillette, voisines de bord, déplient une feuille de banane qui contient du riz et du poisson. Elles nous en offrent spontanément puis débarquent au pied de la colline qui mène à leur village. Le temps d’appareiller et la petite fille est déjà nue pour se tremper dans l’eau fraîche.

Quelques pêcheurs venus en barque
Quelques pêcheurs venus en barque

Débarquement à Muang Kua, proche de la frontière vietnamienne. Nous aurions aimé aller plus au nord mais notre visa va se terminer, nous devons rejoindre la Thaïlande.
La route est tranquille et moins bosselée. C’est un plaisir que de descendre à Udomxay et s’arrêter pique-niquer dans les cabanes ombragées en bordure des rizières.

Et l’on marchande un peu quelques fruits et légumes
Et l’on marchande un peu quelques fruits et légumes

Quel dommage, nous sommes proche du Yunnan, l’une d’une des régions les plus belles de Chine mais nous n’avons pas de visa.
Nous prenons la route de Pakbeng. Quasi pas de véhicules, mais derrière un virage, nous rencontrons un cow-boy, un vrai dont il ne manque que le colt. Un Américain qui vient de l’Oregon, son chapeau relevé sur les côtés lui fait passer les 2 mètres de haut, il cavale ... sur un vélo. Il a le look du vagabond et sa monture est parfaitement bien étudiée. Il a fixé savamment en guise de sacoche, quatre caisses plastiques étanches qui servent au transport d’animaux familiers, solides et légères. On discute un moment.
Pakbeng est au bord du Mékong. Dix kilomètres avant d’arriver, je casse une pédale et la remplace par une pédale chinoise de misère, ce qui sur 2 km seulement détruit le pas de vis du bras de pédalier. Un vélo sans pédales n’est plus rien d’autre qu’une brouette qu’il me faut pousser 2 heures durant. Pakbeng est un trou, le vrai trou glauque et antipathique, et pas de réparation possible. Le Mékong est beau et navigable. Nous le montons en bateau jusqu’à Houai Xay. Ouf ! nous sommes à l’heure pour quitter le Laos en passant en Thaïlande.

Nous sommes restés exactement 3 mois au Laos. Un grand bain dans la nature sur 2'463 km, 50% de plaine, 50% de montagne dont 10% très difficile. Des sourires sincères d’habitants extrêmement gentils. Leur culture est préservée et ils en sont fiers mais pour combien de temps ? Leurs maisons qui s’envolent au premier coup de vent leur font rêver aux constructions en briques. L’eau boueuse des rivières dans lesquelles ils se lavent, les fait rêver à la douche chaude avec eau filtrée. Leur curiosité les pousse doucement sur internet. Les citadins partent acheter à la campagne, sangliers séchés, champignons et tout le reste. Selon des responsables d’état, ce commerce de masse commence à détruite l’équilibre. Le Laos est l’un des plus beaux écosystèmes d’Asie. Les cyclistes, kayakistes, rafteurs, grimpeurs, trekkeurs et marcheurs découvriront un cadre exceptionnel et nous espérons que le tourisme soit un écotourisme afin de préserver cet équilibre. Le gouvernement oeuvre dans ce sens, conscient qu’il est une solution à améliorer les conditions financières des plus défavorisés, mais ce même gouvernement autorise la vente des terres et forêts aux Chinois qui contruisent les routes en échange. Pas bête la guêpe, il faut accélérer les échanges. C’est le business ! Et la déforestation inquiétante.