FrançaisEnglish

La bonne humeur est partout

Réunion d'ancêtres sur une place de Ghadames
Réunion d'ancêtres sur une place de Ghadames

Projetés en Libye
Le 9 décembre au soir, nous sommes projetés dans l’immense Libye contre notre volonté. Nous arrivons à la douane à 16h30 avec la décision d’y dormir côté Tunisie pour nous préparer au passage du lendemain. Se préparer, c’est-à-dire trouver une banque ou mieux, de l’argent "officiel au noir", représentant deux fois et demi le montant, cacher divers matériels convoités et confisqués par les douanes à leur bon gré, comme appareil photo, couteaux pliables et divers objets interdits. Préparer tous les arguments nécessaires à convaincre les douaniers à ne pas être accompagnés d’un guide et traducteur obligatoire. Viendrons-t-il à vélo avec nous ? Tout cela sans oublier la provision du papier qui nous sert à nous essuyer.. Nous ne raconterons pas tout ce qui nous a été conté sur la Libye, mais croyez-nous, nous n’y sommes pas entrés sans appréhension. Des vols aux viols, ce qui obligera Christine au voile, nous avons tout entendu ! Alors que va-t-il donc se passer ?
On arrive à la douane, lieu désertique, pas de banque, pas de resto, pas d’hôtel, pas de camping et plusieurs centaines de voitures bloquées sur une largeur de 12 files (les tunisiens viennent acheter le pétrole en Libye pour le revendre le double en Tunisie). Il fera nuit dans une heure. On s’assied sur un muret en sachant que c’est la meilleure façon de tout résoudre en Afrique. Un homme s’approche avec une liasse de billets verts à la main. On cache notre bonheur et commence une discussion à l’aspect totalement désintéressé. D’autres s’approchent avec des liasses. Effectivement, deux fois et demi le taux bancaire. On change tout notre argent tunisien. C’est fou comme dans ces situations on se sent mieux avec du fric dans les poches. Plein d’argent libyen côté tunisien, on le cache dans les vêtements et que faire d’autre sinon passer cette douane ? On passe devant toutes les voitures, c’est une règle générale, le premier arrivé a gagné. Un tunisien nous balance "Allez donc chez Qathafi". On continue. Les douaniers sont impeccables, cela prend 15 mn, aucune question, aucun regard sur les bagages, grands sourires courtois à ne plus rien comprendre. On demande où dormir, ils nous proposent un poste de police à 20 km. Sans exception, tout le monde nous klaxonne et nous encourage. Les sourires sont francs et admiratifs. Nous bivouaquerons finalement en sécurité dans l’arrière-cour d’un restaurant où nous mangeons super bien, le resto est nickel, p’tits croissants, beurre et confiture le lendemain matin. On cherche l’erreur, on ne trouve pas. Vélo jusqu’à l’auberge de jeunesse de Sabratha. Charmante petite ville proche d’un site romain incontournable. L’accueil est plus que débordant. Nous ne paierons pas les deux nuitées, nous serons invités par Anwar à manger le gigot d’agneau assis sur les tapis, nous aurons des cadeaux pour toutes occasions (carte d’adhérant aux auberges de jeunesse, chèche d’un couturier, oranges d’un prof. de français, réparation de mes chaussures par un tchadien, payée par un vieux libyen très classe, petit coup de fil à mon fils Allan avec le téléphone d’un libyen.. et j’en passe. Nous passons la journée entière du lendemain à visiter le site romain.

Mausolée puno-hellenistique à Sabratha
Mausolée puno-hellenistique à Sabratha

Théâtre romain de Sabratha
Théâtre romain de Sabratha

On longe la côte sans la voir
Direction Tripoli en longeant la côte. La route devient une autoroute, beaucoup de voitures et ça roule très vite. Nous sommes trop tendus et attentifs pour profiter du paysage. Arrivée sur la place principale de Tripoli. Auberge de jeunesse de Gargarich à 2 km du centre où nous resterons une semaine.

La grande place "Green Square" de Tripoli
La grande place "Green Square" de Tripoli

Le livre vert de Qathafi
On nous donne The Green Book écrit par Muammar Al Qathafi pour le peuple vers 1970. Trois parties : La solution au problème de démocratie (l’autorité du peuple), La solution au problème économique (socialisme) et les bases sociales de la troisième théorie universelle (une société basée sur les comportements des familles, égalité totale entre hommes et femmes). Au musée national de Tripoli nous découvrons la coccinelle VW de Qathafi des années 70 accompagnée de sa photo aux longs cheveux.

Statues antiques
Statues antiques

Vénus romaine
Vénus romaine

Puis des ballades sans fin, perdus dans la médina.

Tisserand au souk de Tripoli
Tisserand au souk de Tripoli

Avec toutes les explications
Avec toutes les explications

Mosquée dans la médina
Mosquée dans la médina

Cour dans la médina
Cour dans la médina

Le site romain de Leptis Magna
Deux jeunes, Haithem et Kamel, nous emmènent en voiture à 100 km de Tripoli pour visiter un deuxième site romain remarquable : Leptis Magna.

Avec Haithem et Kamel à Leptis Magna
Avec Haithem et Kamel à Leptis Magna

Somptueusement sculptée
Somptueusement sculptée

Abside de la basilique de Septimus Severus
Abside de la basilique de Septimus Severus

Gorgonne
Gorgonne

Amphithéâtre de Leptis Magna
Amphithéâtre de Leptis Magna

Un vrai bonheur d'être en Libye
C’est un vrai bonheur d’être en Libye. On se sent vraiment bien. Les libyens sont incroyablement aimables, généreux et hospitaliers. Ils nous aident, nous traduisent l’arabe, nous dirigent, nous conseillent et nous sourient. Une femme nous interpelle juste pour nous inviter chez elle à boire le café. Les femmes sourient sans gêne et semblent bien dans leur peau, elles sont l’égal de l’homme dans toutes les lois. Personne ne nous aborde avec arrière-pensée. Les prix sont les mêmes pour tous. On tente une discussion sur le prix des roses qui sont aussi chères qu’en Europe, alors le vendeur nous offre le bouquet, nous ne discuterons plus les prix ! Deux footballeurs intéressés par notre voyage nous offrent les repas. Nous ne savons plus que penser des aberrations entendues auparavant..

Invitation dans une famille libyenne
Invitation dans une famille libyenne

Hé oui, avec les doigts
Hé oui, avec les doigts

Et ils ont de l'humour
Et ils ont de l'humour

Direction Gharyan
Malgré le vent fort persistant, nous quittons Tripoli pour Gharyan à 115 km. Trouver notre route sur les panneaux arabes ? facile ! il suffit de demander à un taxi qui nous priera de le suivre, il roulera un quart d’heure à 10 km/h. La route file toute droite vers le Jebel Nafusa, grande chaîne de montagnes au-dessus de laquelle se trouve Gharyan. Il y a beaucoup de circulation, mais la route est large avec du dégagement. Le vent ne nous dérange pas trop. Tout va bien alors : crevaison ! Eric change la chambre à air en 20 mn. Des travailleurs nous regardent faire discrètement. Deux hommes très classes avec leur tenue traditionnelle libyenne, grand pan de tissu de laine blanche tissé main relevé sur l’épaule, gilet brodé et chéchia noire, nous proposent de l’aide en anglais. Eric demande à se laver les mains, ils le conduisent dans l’usine qui n’est autre qu’un pressoir à huile d’olive. En effet, il y a des oliveraies à perte de vue. Peu à peu le paysage change, la terre devient orangée, les cultures disparaissent, nous sommes dans une plaine semi-désertique. Le vent fait voler le sable fin, formant de petites dunes qui empiètent sur la route. Nous fermons la bouche mais les oreilles s’emplissent, il va falloir mettre le chèche. Casse-croûte rapide dans un village où l’on nous offre les deux bananes que nous voulions acheter, et tant qu’à faire l’épicier d’à côté nous offre aussi des mandarines. Nous roulons à un bon rythme, mais nous commençons à apercevoir au loin le Jebel Nefusa qui nous semble aussi haut que nos Voirons. Il fait nuit dans trois heures. Il nous reste 30 km mais finalement la montée est assez facile pour arriver sur le plateau à 710 m d’alt.

L'arrivée sur le plateau
L'arrivée sur le plateau

Maison troglodyte
Visite d’un logement sous-terrain ancien, typique de la région. Le 'trou', formant la cour centrale ouverte en plein ciel, est assez exigu et profond. L’accès se fait par un long escalier descendant dans la roche.

Maison troglodyte à Gharyan
Maison troglodyte à Gharyan

Le bazine
Le directeur du seul hôtel de la ville parle français. Heshmi a fait ses études à l’école hôtelière de Thonon. Il nous invite à déjeuner. Dans ces années-là d’ailleurs, un certain nombre de libyens sont allés en France : école hôtelière, école de pilotes des Mirages, PTT. Heshmi est très loquace, dynamique et vif d’esprit. Il est originaire de Ghadames et nous donne un contact de la même tribu. Anwar, connu à Sabratha est de passage à Gharyan et vient nous saluer. Il nous propose de manger ensemble. Ce ne sera pas dans un restaurant mais chez une famille. Nous entrons dans une immense pièce avec tapis au sol, coussins le long des murs et tables basses au milieu. Ils emmènent Christine à la cuisine pour lui présenter femme et enfants. Elle ne reviendra pas. Lorsqu’il y a des invités, les hommes mangent entre eux et les femmes aussi. On me dit, avec le ton de la plaisanterie, que les femmes parlent trop. Soirée passée entre hommes, assis par terre et allongés sur les coussins. Cette famille n’avait jamais eu d’européen chez elle. On mangera le "bazine", plat typique libyen : grand plat de viande avec au centre une pâte de semoule d'orge brassée avec un grand bâton et moulée à la main en forme de grosse boule conique.

Préparation de la semoule du bazine
Préparation de la semoule du bazine

La viande du plat bazine
La viande du plat bazine

Le repas
Il faut malaxer la semoule avec les doigts dans une sauce pimentée. On se sent bien maladroit, quatre autour d’un plat, assis par terre. Puis lavage des mains sur place dans une grande bassine. Grand plat de fruits à volonté, puis thé noir dans des verres remplis d’amandes grillées. Et la discussion sans fin.

Et comment le repas s'est il terminé ?
Les femmes ont adoré Christine et bien qu’ils connaissent notre voyage à vélo, nous avons reçu 6 pots en faïence plus une lampe de chevet avec abat-jour. Nous ferons les 80 km du lendemain avec le tout. Que faire ?
Direction Yefren, on s’arrête pour manger, on nous donne le pain et deux boîtes de jus de fruit. L’épicier nous installe dans une arrière-pièce sur des tapis pour manger et faire la sieste. Les jeunes, courtois et respectueux, sont impressionnés par nos vélos et nos km. Paysage de collines parsemées d’arbres sur une terre jaune-orangée. L’air est vivifiant et Christine repense un peu à son cher Jura. Les voitures se font plus rares. Il y a même des moments de calme absolu, ce qui ne nous était pas arrivé depuis le Chott El Jerid en Tunisie. Eric avance lentement, il est un peu brassé des intestins. L’auberge de jeunesse fermée pour rénovation nous ouvre ses portes grâce au coup de téléphone d’Anwar de la veille. Une seule chambre de finie, c’est pour nous. Nous resterons deux nuits.

Yefren ancienne cité
Yefren ancienne cité

Une ancienne synagogue
Le responsable de l’auberge de jeunesse ne sait plus comment nous faire plaisir.. Il nous promène, nous offre des figues sèches pendues sur un fil et des bières (sans alcool !). Il fait ouvrir une ancienne synagogue de 2000 ans en cherchant les clés chez les proprios. Nous apprendrons plus tard que les gens du village cachent un peu cette vieille synagogue de peur que l’état ne la face détruire ou aie une réaction négative.

Très ancienne synagogue de Yefren
Très ancienne synagogue de Yefren

Je fini par conduire sa voiture, Christine est devant. On passe boire un verre dans sa maison, il nous présente sa femme et nous emmène visiter la toute vieille maison de son enfance où sa mère vit encore avec petits enfants, chèvres et moutons.

Petit apéro (sans alcool) chez l'habitant
Petit apéro (sans alcool) chez l'habitant

Nous avons visité un grenier fortifié "qasr", de vieux villages abandonnés, un mausolée romain et de beaux paysages.

Grenier fortifié "qasr"
Grenier fortifié "qasr"

Vue depuis le Jebel Nafusa
Vue depuis le Jebel Nafusa

Un remède berbère contre le mal de tête : poser la feuille mouillée d'une plante sur le front.

Nous partons pour Jadu, Eric est toujours barbouillé. Il a de plus en plus de mal à rouler, mais il n’y a que 75 km. Il fait froid. On se réchauffe chez un boulanger qui nous prépare le thé. On installe la tente derrière un restaurant à un carrefour. Les chiens vont nous surveiller toute la nuit et aboyer à chaque coup de vent ..
Le matin, il y a de la glace sur la tente et le désert est givré.133 km nous attendent pour Nalut. Tiens ? c’est le 24 décembre. Où ferons-nous notre réveillon ? Belle journée tranquille sans voitures pour arriver à un carrefour avec station essence glauque. On rêvait d'être arrivé à Ghadamès, perle du désert, dernier village berbère en bout de route et lieu de passage important des caravanes. Il est encore à 300 km. Nous choisissons déjà au sol un endroit pas trop gras pour s'installer pour la nuit. Un libyen nous fait signe de le suivre. Il ouvre une petite porte en fer et.. magique. Un joli restaurant où on nous concocte un bon petit repas, juste pour nous deux. Christine sort une bougie et on dormira sur place, par terre au chaud dans le restaurant, sous l’oeil rieur de Qathafi en poster. Le patron nous donnera la clé et nous serons chez nous pour une nuit.

1ère erreur
Malgré un vent soutenu et ciel rougeâtre, départ de Nalut pour Sinéoun à 110 km plein Sud. Bien sûr, on s’informe et on nous dit que le vent s’arrête vers 13h avec la chaleur du soleil. Le temps a poutant empiré chaque minute pour finir en tempête d’enfer. 9h de vélo pour 78 km. A l’arrêt, on tient à peine debout et les vélos sont au sol. On ne réussit plus à aller droit et l’équilibre ne joue plus. On s’enferme avec le chèche et les lunettes, ça ne suffit pas, le soir on voit trouble, les yeux ont bien reçu. Nous comprenons vite que nous n’arriverons pas avant la nuit. Christine craque et réclame l’arrêt. Une camionnette qui nous avait doublé le matin, nous croise, fait demi-tour et nous embarque sans discuter, à destination du village suivant, Sinéoun. Magique, les libyens sont magiques. Merci. Petits biscuits, jus de fruit. Nous allons droit à la police qui nous loge dans leur salle de prière, nous font le thé et écoutent nos récits. Ambiance d’hommes avec thé sur vieille plaque électrique. Vent violent avec pluie à l'horizontale. Nous regardons la télé assis sur les cageots et vieille mousse de canapés foutus. Il y a la parabole avec ses 200 chaînes, même les françaises. Nous n’avons pas pu prendre de photo de cette journée d'enfer.
Départ du poste de police de Sinéoun pour Derj, après avoir fait le marché, vent contraire mais ciel bleu et beaux paysages.

Le soleil se couche, on roule dans cette immensité, un minaret se découpe dans le ciel, c’est magique et on arrive de nuit. On demande où dormir, on nous répond "chez moi". L’instituteur du village nous laisse son salon et salle de bain.
Départ de Derj pour Ghadamès à 115 km. Un délice, temps grand bleu, vent dans le dos. Le sable couvre partiellement la petite route. La roue avant de Christine se plante dans le sable et.. un plat-ventre douloureux. A mi-chemin, check point. On ne nous demande rien et on nous donne mandarines et bananes. Nous déjeunons au soleil, belle vue sur le désert.

4'318 km au compteur à l’arrivée à Ghadames, auberge de jeunesse complète à cause d’un congrès international des scouts. On campe donc dans la cour. Nous irons demain, comme prévu, à l’hôpital de Ghadames rencontrer le directeur. Accueil très chaleureux. Il nous installe dans un studio le temps nécessaire à trouver une voiture pour Ghat à travers le désert, à 550 km. Impossible à vélo.

Ghadames, cité ancienne, perle du désert
Nous visitons cette remarquable cité de 800 ans, abandonnée totalement depuis 1988 en faveur de la cité moderne réalisée par le gouvernement révolutionnaire de Qathafi dans le but de moderniser la Libye. La cité moderne est d’ailleurs en harmonie dans les couleurs et les formes. Chaque famille, ayant gardé sa propriété, retourne de temps à autre en période chaude se réfugier au frais et pour s’occuper de sa parcelle de jardin. Les constructions sont à étages, les parties basses pour les hommes, les parties hautes pour les femmes avec communication par les toits. La position des femmes leur donnait le pouvoir de vigile et chaque information, comme par exemple l’arrivée d’une caravane ou le feu dans une maison, était transmise par un son différent. Les plus riches laissaient de la nourriture aux plus pauvres sur les toits en toute discrétion. Les femmes n’avaient le droit de déambuler dans la cité que trois fois par jour, soit un moment précis dans la matinée et l’après-midi, et le soir au coucher du soleil. Une fois la cité désertée, Qathafi oeuvra pour une restauration dans les règles avec l’UNESCO qui classera ce site. Quelle déception de savoir que la dernière grande caravane est passée à Ghadames en 1911.

Entrée de Ghadames
Entrée de Ghadames

Rue inférieure de la vieille ville
Rue inférieure de la vieille ville

Ruelle de la vieille ville
Ruelle de la vieille ville

Ghadames, le chemin des femmes
Ghadames, le chemin des femmes

La maison bien connue de Dan do
La maison bien connue de Dan do

Ecole à Ghadames
Ecole à Ghadames

Musiciens à Ghadames
Musiciens à Ghadames

Et le temps compte si peu
Nous sommes bloqués ici depuis neuf jours, pas de possibilité de traverser le désert. Nous sommes bien. Tout le monde nous connaît, comme à la maison. Nous visitons régulièrement cette vieille ville si belle et si paisible. Des médecins ukrainiens sont passés nous souhaiter la bonne année déguisés en coq et Père Noël. C’était drôle et sympa. Christine décide enfin de se faire soigner la main droite qui est meurtrie depuis le départ. Le nerf est abîmé (syndrome du canal carpien) et elle a continuellement des fourmis dans les doigts. Les urgences de l’hôpital savent que nous sommes invités par le chef, alors on nous présente à tout le monde, puis médecins, ordonnance, médicaments et séance de physio et ultrasons, le tout à nouveau entièrement offert.. comme d’habitude. Et de belles choses dans les environs !

Le lac salé de M'jezzem
Le lac salé de M'jezzem

Un touareg et son dromadaire
Un touareg et son dromadaire

Le boulanger touareg
Le boulanger touareg

Pharmacie touareg
Pharmacie touareg

Enfant en vêtement traditionnel
Enfant en vêtement traditionnel

Difficile de faire plus noir
Difficile de faire plus noir